Événements | 30 juin 2020

Nom(s) divin(s) et libération

Séminaire « Philosophie de la religion » dirigé par Philippe CAPELLE-DUMONT et Jacob ROGOZINSKI

1er semestre 2020-2021 – mercredi 16h00-18h00.

Université de Strasbourg.

« Je suis YHVH, ton Dieu, qui t'ai libéré d'Égypte, de la Maison de Servitude » (Exode 20). Dans cet énoncé fondamental de la Bible hébraïque, se rejoignent l'auto-présentation d'un nom divin et l'affirmation que le Dieu dont c'est le nom propre est avant tout le Libérateur, celui qui a délivré des asservis de leur servitude pour en faire son peuple. Cette conjonction entre la nomination d'un Dieu et l'événement historique d'une libération caractérise, de manières certes différentes, les trois religions dites « abrahamiques » : judaïsme, christianisme et islam. Elles se sont en effet constituées comme des « contre-religions », par des dispositifs d'émancipation en rupture avec les pouvoirs et les croyances de leur temps. Cette dimension libératrice initiale se perpétue encore aujourd'hui dans les différents courants des « théologies de la libération ». Nous envisageons de l'analyser cette année en l'articulant à la question de la nomination du Dieu-Un dont elle est indissociable. Les Écritures de ces trois religions enseignent que l'invocation de son Nom fait advenir le Dieu libérateur, qu'elle en appelle à sa bénédiction et à une communauté rassemblant ceux qui l'invoquent. C'est ce qu'affirment la Torah – « en tout lieu où je ferai rappeler mon nom, je viendrai vers toi et je te bénirai » (Exode 20,24) -, comme les Évangiles – « là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux » (Matthieu 18, 20) - et le Coran : « je réponds à l'appel de celui qui m'invoque quand il m'invoque » (sourate 2, 186). Quel est ce pouvoir de faire advenirun dieu, de susciter sa réponse et/ou sa présence, en l'invoquant ? S'il est interdit de l'invoquer « en vain » ou « pour le faux », il doit être possible de l'invoquer en vérité. Qu'en est-il alors de la vérité d'un Nom divin ? Comment son invocation se noue-t-elle à la promesse d'une bénédiction, d'une communauté, d'une libération ?

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